Le chef-d'œuvre inconnu 5/5

De Balzac.

Adaptation théâtrale et jeu : Catherine Aymerie
Mise en scène : Michel Favart
Musique de Massimo Trasente
Lumière : Kostas Asmanis
Scénographie et costumes : Florence Évrard.

 

 

 Quelle splendide évocation !

 

 Quelle incarnation magistrale de chacun des personnages et de la conteuse !

 

 On est captivé de bout en bout par la flamboyante Catherine Aymerie, elle semble avoir autant de couleurs dans sa palette que les plus grands maîtres de la peinture !

 

  On est pris dans un tourbillon d'émotion, elle réussit la gageure de faire vivre le texte de Balzac et de lui donner un relief saisissant.

 

 On est subjugué par son jeu dont chaque note est juste et rend toute la complexité, toutes les dimensions de l'œuvre balzacienne.

 

 J'ai été particulièrement séduit par l'état de transe  dans lequel Catherine Aymerie entre à un moment précis pour nous donner à voir le génie, la folie de Maître Frenhofer, son caractère presque diabolique est rendu avec une infinie justesse, j'ai été vraiment impressionné au point que j'en ressentais des frissons.

 

 Rien n'est en trop. On est dans l'épure. L'autre passage, si sobre lui, et qui contraste singulièrement avec le morceau de bravoure précédemment commenté, est la déclaration sensible de Gillette vers la fin, qui m'a interpellée tant elle venait du tréfonds de l'âme de la comédienne. J'ai été encore plus ému qu'en lisant la nouvelle.

 

 Tout est évoqué, suggéré, on voit tout sans avoir la moindre toile devant les yeux.

 

 Le climat est rendu par le jeu de Catherine Aymerie qui frôle la perfection, mais aussi par la musique, les lumières.

 

 Il faudrait écrire des pages pour louer le travail des artisans merveilleux de cette réussite, au rang desquels figure bien sûr le metteur en scène Michel Favart. On ne voit pas le temps passer tant on est pris par les moindres détails de l'incarnation ineffable de l'interprète.

 

 L'économie de moyens met en valeur le propos et laisse libre cours à l'imagination du spectateur, auquel on fait confiance pour être acteur de ce spectacle d'une exigence peu commune et d'une qualité rarement égalée.

 

 C'est le spectacle à découvrir en ce moment.

 

 Catherine Aymerie est extrêmement généreuse, elle donne tout et nous passons un moment privilégié en sa compagnie.

 

 Elle est solaire, je l'avais admirée dans Darius, je ne soupçonnais pas alors qu'elle était capable d'insuffler la vie à tant de personnages avec tant de maîtrise et de brio.

 

 C'est une prouesse. Une leçon de théâtre que les apprentis comédiens seraient bien inspirés d'observer.

 

 Petite précision, on est très près de la comédienne et ça n'a pas de prix.

 

 Pour profiter au mieux de la représentation, je vous conseille de lire la courte nouvelle, si ce n'est pas déjà fait, la collection Étonnants classiques me paraît tout indiquée.

 

 

Publié le 25 avril 2023.

À l'Essaïon jusqu'au 27 juin, lundi et mardi à 19h15, dimanche à 19h30.