La maladie de la famille M 5/5

De Fausto Paravidino
Mise en scène : Théo Askolovitch
Avec : Pascal Elso, Marilou Aussilloux, Théo Askolovitch, Tigran Mekhitarian, Délia Espinat Dief, Thomas Rio, Simon Roth

Scénographie : Robinson Guillermet & Shehrazad Dermé

 

 

 

 

 

 Nous suivons la vie de la famille M, ce qui n'est pas de tout repos. Les codes sont ceux de la telenovela, la profondeur en plus et cela change tout.

 

 Fausto Paravidino nous montre un instantané de la société actuelle, en mettant en lumière les rapports des jeunes d'aujourd'hui, en évoquant leurs façons de penser, en faisant entendre leur langage au sein d'une cellule familiale disloquée, et en mettant en exergue l'impuissance du médecin à apaiser les drames, les bleus à l'âme.

 

 On a droit à différentes versions d'une même histoire, différentes perspectives sont proposées, sans que les personnages ne soient objets de jugement. Ils sont d'une "valeur médiocre", au sens de moyenne, comme dans la tragédie classique, ni trop bons, pour qu'on ne trouve pas leur sort trop injuste, ni trop mauvais, pour qu'on puisse éprouver de la sympathie pour eux, pour paraphraser Racine dans la première préface de son Andromaque.

 

 La pièce comporte beaucoup de quiproquos et de scènes cocasses, qui sont autant de notes d'humour face à une réalité assez dure, c'est un genre de "comic relief" shakespearien qui permet de se remettre de ses émotions.

 

 L'auteur a recours à plusieurs reprises à l'ironie dramatique, ce qui contribue grandement au plaisir du spectateur.

 

 La famille M souffre d'incommunicabilité. Incommunicabilité encore plus palpable en raison du handicap du père qui est dans le déni et de l'absence de la mère. Les problèmes relationnels d'ordre affectif sont aussi finement traités.

 

 La distribution est éblouissante : les interprètes sont d'une justesse incroyable. La mise en scène est virtuose. On ressent énormément d'émotion.

 

 J'ai été particulièrement sensible aux lumières et à la musique, qui participent de façon considérable à la réussite de la représentation.

 

 De rares scènes ne conviennent pas à tous les publics, mais ce sont les thèmes qui l'exigent, ce n'est pas gratuit. Tout semble d'ailleurs singulièrement maîtrisé.

 

Je n'ai pas la moindre réserve.

 

 Bravo !!!

 

 

 

Publié le 23 août 2023

Modifié le 24 août 2023 et le 25 août 2023.

Au théâtre des Béliers Parisiens Avignon.