Histoires de la parure, de Toine et d'une fille de ferme 5/5

Nouvelles de Guy de Maupassant
Mise en scène de Jean Bonnet
Avec Cécile Heintzmann, Boris Kozierow et Marie-Ève Weyland
Régisseur : Florent Ferrari
Costumière : Max Rapetti-Mauss
Graphiste : Fred Jély

 

 

 

 

 

  Une adaptation d'une qualité exceptionnelle, avec des interprètes formidables. Jean Bonnet nous propose une mise en scène sensible et ô combien émouvante. Le jeu des comédiens sonne juste, ils incarnent leur personnage de façon si convaincante qu'on croirait que les personnages de Maupassant sont sortis du livre pour venir nous voir et nous faire vivre leurs aventures.

 

 L'univers de Maupassant est souvent impitoyable, les êtres devant faire face à une vie rude mais qui réserve parfois de belles surprises car comme l'écrit Maupassant dans Une Vie : 《 La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit》

 

 La parure m'a charmé : les intermèdes musicaux instaurent des climats qui suggèrent tantôt la félicité tantôt l'accablement et contribuent à l'émotion du spectateur. Les costumes font plaisir à voir tant ils sont réussis : c'est de la belle ouvrage. Bravo à Max Rapetti-Mauss. On se croirait à l'époque de Maupassant. Les comédiens sont fantastiques.

 

 Cécile Heintzmann est très à l'aise et illustre par ses mimiques l'état d'esprit de son personnage. Elle a un regard bleu très expressif et j'ai été conquis par son jeu. Marie-Ève Weyland nous conte l'histoire de Mathilde à qui il arrive une mésaventure funeste. Elle a l'art de communiquer des émotions avec simplicité et un grand sens du rythme. Elle incarne Madame Forestier avec une distinction qui ravit l'auditoire. Quant à Boris Kozierow, il campe différents personnages avec une conviction, avec un talent admirable. 

 

 Cette nouvelle montre le désir de Mathilde de vivre parmi des personnes distinguées, son désir de grandeur qui va précipiter sa chute alors qu'elle a réussi à satisfaire ce désir. Cette frustration est rendue admirablement par Cécile Heintzmann, tout comme son désarroi face à la cruauté du destin.

 

 Nous découvrons les deux autres histoires avec ravissement tant les interprètes sont habités. On vit avec eux intensément les épisodes de leur existence. Dans Toine, il y a un caractère cinématographique lors de l'un des moments clés et on savoure cet instant avec un plaisir sans mélange.

 

 Toine ne fait que manger et boire toute la journée de sorte qu'il a un ventre énorme qu'on vient voir des villages alentours. Cette gloutonnerie insatiable faisant la joie de ceux qui viennent trinquer avec lui dans son café au grand dam de sa femme. Cécile Heintzmann campe une galerie de peronnages farfelus et la performance de Boris Kosierow est savoureuse tant il est grotesque et assume sa gloutonnerie avec un aplomb formidable. On sent qu'il s'amuse et ce plaisir est communicatif.

 

 Dans Une fille de ferme, Boris Kosierow est émouvant en fermier qui se laisse attendrir par sa femme qui a fauté... son timbre de voix dans cette  nouvelle est particulièrement appréciable et ses regards habités sont éloquents. On pourrait disserter longtemps sur la direction d'acteur et l'interprétation magnifique des trois comédiens...

 

 Ils sont si doués que chaque personnage semble être joué par une personne différente : on passe un excellent moment à les regarder évoluer sur la scène.

 

 

 

 

 

Publié le 30 juillet 2023.

Modifié le 30 juillet en raison d'une erreur.

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