Inadaptés 5/5

De Sirine Achkar.
Mise en scène de Sirine Achkar.
Avec Denis Mathieu, Landry Amon, Otis Ngoi, Ben Rajca et Sirine Achkar.

 

 

 Très beau texte de Sirine Achkar qui montre bien l'état d'esprit de personnes emprisonnées. Ce n'est pas larmoyant, c'est un constat très juste de ce que notre société impose à certains êtres humains qui ont parfois fait un mauvais choix.

 

 Sirine Achkar part de son expérience : elle a animé un atelier théâtre dans une prison, quatre personnes y participaient. Ensuite, Sirine Achkar s'en est inspiré et a demandé aux comédiens d'improviser pour créer ce spectacle très poignant. 

 

 Les comédiens sont très bien dirigés. Il y a beaucoup de rythme. On voit le désarroi de leur personnage parfois mais aussi et surtout leurs aspirations. Ce spectacle est plein d'émotions, il y a des passages très poétiques, de l'humour, de la colère aussi mais avant tout de l'humanité.

 

 Car que sont ces êtres sinon d'autres nous-mêmes ? Je tiens à rendre hommage aux quatre comédiens qui par leur très grande présence et leur très grand talent nous communiquent les émotions de leur personnage. Il y a une belle énergie et un jeu tout en nuances dans leurs interactions au plateau.

 

 Otis Ngoi m'a impressionné, il a beaucoup de verve et son regard est très expressif. Il en impose, très belle performance.

 

 Landry Amon est impressionnant en écorché vif. Il a une belle palette d'émotions. Le leitmotiv de ce personnage est dit avec beaucoup de justesse. Beaucoup de sensibilité.

 

 Ben Rajca est un personnage lunaire magnifique. Il est d'un naturel désarmant. Tout est ressenti et il vole parfois la vedette aux autres personnages plus exhubérants, tant il est authentique, il vit les situations.

 

 Denis Mathieu est très émouvant, c'est son personnage qui m'a le plus intéressé. Il est tout en émotion, parfois à fleur de peau. Mais il exprime aussi une belle joie de vivre et on vit les situations qu'il évoque.

 

 Ce spectacle est l'un des plus beaux que j'aie vu et il donne beaucoup à réfléchir. Sirine Achkar évite l'écueil du pathos et on ressort avec l'envie de profiter de la vie sans oublier pour autant ces quatre malheureux auxquels elle a donné un visage et une âme.

 

 

 

Publié le 2 janvier 2023.

À la Comédie Nation le vendredi du 13 janvier au 3 février.