Quel merveilleux spectacle ! Frédérique Lazarini a écrit une pièce très poétique, pleine de fantaisie, et d'un niveau littéraire très élevé. Quel beau style que le sien ! Cela fait du bien d'entendre des dialogues aussi inspirés, si finement écrits. On est dépaysés grâce à son évocation magistrale de Saint-Germain-des-Prés, et sa plume a toute sa place dans cet univers de philosophes, d'écrivains.

 

 Sa pièce est très enlevée et Frédérique Lazarini réussit à recréer le Saint-Germain-des-Prés de l'immédiat après-guerre  avec tant de brio qu'on a l'impression d'y être. Il faudrait écrire des pages entières pour faire un éloge exhaustif-et mérité- de cette merveille que Frédérique Lazarini a couchée sur le papier et à laquelle elle a donné vie avec un rare talent. Tout y est. Les nuits de Saint-Germain-des-Prés sont admirablement rendues. La joie de vivre y est presque omniprésente. Cette joie de vivre si chère aux Américains et qu'ils ont découverte à Paris, si bien qu'ils utilisent encore aujourd'hui cette expression.

 

 Ce spectacle est un immense coup de coeur ! Cette pièce est enchanteresse et elle donne envie de vivre chaque seconde intensément. D'ailleurs, on passe un si agréable moment qu'on ne voit pas le temps passer. Ce spectacle avec ses personnages hauts en couleur aura été une parenthèse enchantée. On n'a qu'une seule envie : retourner dans ce Pays des Merveilles.

 

 On sait que le Lapin, formidable Didier Lesour, nous y attend, avec Alice, la petite héroïne de l'histoire, l'exceptionnelle Messaline Paillet dont la voix, à nulle autre pareille, ne peut manquer de charmer l'auditoire. On y retrouvera aussi le patron du Flore, incarné avec maestria par Michel Baladi et bien sûr Juliette Gréco, que campe avec brio l'extraordinaire Maryvette Lair. Un mot encore sur Maryvette Lair, son interprétation de Fais-moi mal ! est réjouissante, j'ai ressenti des frissons tant son interprétation est sensible et personnelle. Jhos Lican, qui incarne un chanteur américain, a un jeu tout en émotion.

 

 La performance de Didier Lesour est un ravissement. Il est époustouflant, il a une immense présence. Et en plus, c'est un comédien qui a une gueule. Ça change !

 

 Un spectacle à ne pas manquer !

 

 Je tiens à remercier ici Pierre Cordier, qui défend avec beaucoup de ferveur les comédiens qu'il représente. Ce n'est pas si courant, je pense que les comédiens sont conscients de ce soutien indéfectible.

 

 

Publié le 22 octobre 2022.

Au théâtre de Passy.