La guerre n'a pas un visage de femme 5/5!!!!♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡♡

D'après Svetlana Alexievitch.
Adaptation de Marion Bierry.
Mise en scène de Marion Bierry.
Avec Cécilia Hornus, Sophie de La Rochefoucauld, Sandrine Molaro, Emmanuelle Rozès et Valérie Vogt.
Costumes de Virginie Houdinière.

 

C'est la plus belle pièce que j'ai vue cette année.

 

  L'adaptation de Marion Bierry est extraordinaire. Elle arrive à créer des émotions intenses chez le spectateur, émotions qui vont crescendo. Son adaptation est un travail titanesque et le résultat est stupéfiant...

 

 Quelle inventivité mais surtout quelle simplicité et quel naturel se dégagent de cette brillante adaptation !

 

 Donner à voir cinq portaits de femmes, de combattantes avec chacune une personnalité affirmée est une très belle idée, qui fonctionne à la perfection.

 

 D'autant que Marion Bierry a fait du sur-mesure pour chacune des comédiennes. En construisant chaque personnage à partir de nombreux témoignages, elle savait à l'avance à quelle comédienne elle confierait chaque rôle, ce qui est déterminant dans le processus de création et confère une grande authenticité à la représentation. Cela explique en partie pourquoi on a le coeur serré et pourquoi on ne peut détacher son regard des interprètes. Ses choix concernant l'ordre des thèmes abordés, différent de celui du livre du Prix Nobel, est aussi déterminant, rien n'est laissé au hasard et la tension monte au fur et à mesure. 

 

 La mise en scène est très sobre et met en avant les personnages et leur discours. Tout est d'une grande limpidité, on ne décroche pas une seconde. Il faut dire que les cinq comédiennes ont chacune une immense présence et leur incarnation est tout simplement stupéfiante. On sent une complicité, ce qui sert le propos admirablement. Marion Bierry a déjà travaillé avec ces comédiennes, et elles ont déjà travaillé ensemble pour la plupart. Elles s'entendent à merveille dans la vie et cette harmonie, cette humanité se ressentent dans le spectacle. 

 

 Il y a aussi une très grande qualité d'écoute chez ces comédiennes virtuoses : Cécilia Hornus, Sophie de La Rochefoucauld, Sandrine Molaro, Emmanuelle Rozès et Valérie Vogt. Les silences sont éloquents : elles ont su capter chacune l'attention du spectateur comme rarement au théâtre.

 

 La mise en scène, très exigeante , semble aller de soi et c'est à cela qu'on reconnaît les grands metteurs en scène. Ils ont une idée tellement claire de ce qu'ils veulent transmettre que tout coule de source. La mise en scène de Marion Bierry m'a impressionné et j'ai été tellement impliqué émotionnellement que le coeur me battait encore très fort dans la poitrine bien après la représentation.

 

 Je n'ai pas la moindre critique à formuler : je n'ai pas vu le temps passer pendant la représentation, j'ai presque eu l'impression qu'elle venait de commencer quand elle s'est achevée.

 

 Un mot sur les costumes de Virginie Houdinière : elle a su trouver l'esthétique qui convenait aux combattantes porteuses de ces témoignages si sensibles et si forts, c'est un équilibre très subtil excessivement difficile à définir pour évoquer ces femmes qui ont un destin commun mais une identité propre. Le choix de Virginie Houdinière est tellement judicieux qu'on ne les imagine pas habillées autrement. On comprend ainsi pourquoi Marion Bierry aime à travailler avec cette costumière : elles ont en commun une exigence et un talent exceptionnels.

 

 Un spectacle qui ne peut que bouleverser et dont le message universel saura toucher chaque spectateur. Cela fait plaisir d'entendre la voix de femmes dans une pièce d'une qualité rarement égalée, ces femmes d'exception qui, encore aujourd'hui, ont si peu voix au chapitre.

 

 L'aventure continue à Aix-en-Provence puis à Avignon avant un retour triomphal, j'en ai l'intime conviction, dans la capitale.

 

 J'ai passé avec ces comédiennes un moment inoubliable et elles méritent d'être vues et appréciées par le plus grand nombre. 

 

 

Publié le 27 novembre 2022.

À l'Atalante puis au Jeu de Paume du 24 au 26 janvier 2023. 

Au Girasole du 7 au 29 juillet, à 12h.