Jours de joie 5/5

D'Arne Lygre.

Mise en scène et scénographie de Stéphane Braunschweig
Traduction : Stéphane Braunschweig et Astrid Schenka.
Avec Virginie Colemyn, Cécile Coustillac, Alexandre Pallu, Pierric Plathier, Lamya Regraoui Muzio, Chloé Réjon, Grégoire Tachnakian et Jean-Philippe Vidal.

 

 

 Mise en scène d'un si haut niveau qu'elle procure énormément de joie aux spectateurs. La direction d'acteur est extraordinaire et la mise en scène sobre, dépouillée met bien en valeur le texte et les interprètes.

 

 Stéphane Braunschweig a l'art de susciter l'intérêt du spectateur d'emblée. Le spectacle dure 2h20 et pourtant on ne voit pas le temps passer tant nous sommes portés par l'écriture poétique de Stéphane Braunschweig - traducteur de la pièce avec Astrid Schenka - , la présence des comédiens.

 

 J'ai rarement vu des comédiens aussi habités. C'est d'autant plus remarquable que la langue est à la fois très simple et très construite avec l'emploi récurrent de "Ai-je pensé". 

 

 Les comédiens donnent l'impression d'une spontanéité surprenante due à leur très grand talent mais aussi au génie de Stéphane Braunschweig, dont le travail est universellement reconnu.

 

 Xavier Jacquot, en charge du son, contribue de façon considérable à créer une atmosphère très particulière, difficilement définissable. Bravo à cet artiste.

 

 J'ai particulièrement apprécié l'interprétation de Cécile Coustillac, qui a une immense présence et qui est d'une justesse admirable. Cette comédienne a un visage très expressif et elle capte l'attention du public.

 

 Quant à Virginie Colemyn, elle est fabuleuse. Cette comédienne incarne ses personnages de façon magistrale : elle rend merveilleusement la profondeur psychologique de la mère et d'une autre mère, ce qui est loin d'être simple. J'ai été impressionné par l'apparente facilité avec laquelle elle incarne ces deux personnages. Virginie Colemyn est une grande comédienne pour le moins, je la vois pour la première fois et je suivrai sa carrière de près. 

 

 Le reste de la distribution est d'un très haut niveau et cette homogénéité contribue grandement à la qualité de l'ensemble.

 

 Assister à une représentation de la pièce, c'est vivre un moment magique. Cette pièce met du baume au coeur, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités. Elle est aussi très enrichissante sur le plan intellectuel. Que demander de plus ?

 

 J'ai eu l'occasion d'échanger quelques mots avec le metteur en scène : il a la simplicité des très grands qui n'ont plus rien à prouver. Néanmoins, ce qui est très agréable, c'est qu'on sent que Stéphane Braunschweig essaie toujours de se dépasser, d'atteindre la perfection - dont il n'est pas loin. Cela fait plaisir de rencontrer des personnes aussi brillantes, exigeantes et accessibles. J'ai beaucoup d'admiration pour ce metteur en scène, cela doit être une joie de travailler avec lui.

 

 Je regrette de ne pouvoir utiliser des mots qui n'existent pas pour pouvoir exprimer de manière plus exacte mon sentiment sur la pièce. Je rejoins ainsi Henri Bergson qui déplorait que nous ayons tous les mêmes mots pour nous exprimer alors que nous éprouvons des émotions qualitativement différentes.

 

 Si vous ne devez voir qu'une pièce cette année, c'est celle-ci qu'il faut aller voir.

 

 Il reste encore quelques places à l'orchestre mais pour combien de temps ?

 

 Je tenais à saluer également la politesse extrême de tout le personnel de l'Odéon. C'est si peu courant que ça vous met déjà en joie, ça tombe bien.

 

 

 Publié le 22 septembre 2022.

Au théâtre de l'Odéon jusqu'au 14 octobre.