Le Fléau, Mesure pour mesure 4,5/5

traduction, adaptation et mise en espaces
Léonard Matton

assistanat et dramaturgie
Camille Delpech

Avec Roch-Antoine Albaladéjo, Thalie Amossé,
Jean-Baptiste Barbier-Arribe, Dominique Bastien, Maxime Chartier, Zazie Delem, Camille Delpech, Marjorie Dubus, Thomas Gendronneau, Jean-Loup Horwitz, Laurent Labruyère, David Legras, Justine Marçais, Mathias Marty, Drys Penthier, Jacques Poix-Terrier, Jérôme Ragon

création musicale
Thalie Amossé, Laurent Labruyère

costumes
Chouchane Abello
Le Conservatoire du costume

scénographie
Julie Mahieu

chorégraphies
Jean-Baptiste Barbier-Arribe

accessoires
Jacques Poix-Terrier
A2R Compagnie - Antre de Rêves

 Ce qui frappe d'emblée, c'est la majesté du lieu : le Palais-Royal est un cadre enchanteur, surtout quand il fait doux et qu'il ne pleut pas, comme ce fut le cas dimanche dernier. Le fait que chaque spectateur porte un masque crée un climat très particulier, on se croirait à une autre époque. Le discours liminaire de Maxime Chartier achève de nous convaincre que nous sommes ailleurs.

 

 Selon la couleur du masque qu'on nous a remis, nous sommes invités à être les témoins d'une scène différente puis à choisir à loisir parmi plusieurs scènes qui se jouent à différents endroits du Palais-Royal, celle qui nous agrée le plus. Cela rend la pièce beaucoup plus vivante et, plus courte aussi puisque plusieurs actions se déroulent simultanément.

 

Mais une grande part est aussi laissée à l'improvisation, ce qui donne parfois lieu à des scènes cocasses que je ne révèlerai pas. Les spectateurs croisent ainsi sur leur chemin de "vrais" habitants de Vienne qui interagissent ou non avec eux, des personnages qui ne sont pas censés jouer mais qui jouent quand même, ils sont très investis et cela passe par un sourire, des regards... Impossible de ne pas se sentir emporté par ce spectacle qui réussit à créer l'illusion, d'autant que l'on n'est pas à l'abri de faire partie du spectacle si un comédien le décide.

 

 Deux mots de l'histoire : le Duc choisit d'éprouver Angelo en lui confiant le pouvoir et en affirmant quitter l'Autriche alors qu'il compte observer secrètement les agissements du régent. Ce dernier ne fait pas preuve de la sagesse, de la tempérance du Duc, loin s'en faut, dans une Vienne où fleurissent les maisons closes et où la peste se propage.

 

 La proposition de Léonard Matton séduit car l'espace est utilisé habilement, les costumes sont somptueux et on a l'impression d'être acteur de la pièce. Les chants, la musique concourent au plaisir des spectateurs. Cependant, si l'immensité du lieu ne pose pas de problème à Maxime Chartier, magnifique en héraut, certains comédiens peinent parfois à se faire entendre.

 

 Maxime Chartier excelle dans le rôle d'Abhorson, le bourreau et que dire de Camille Delpech qui incarne Marianne  avec une intensité singulière ? Camille Delpech signe aussi la dramaturgie et était une Iseut extraordinaire dans la mise en scène de Maëlys Simbozel.

 

 Les premiers rôles ne déméritent pas.

 

 La représentation est vraiment très plaisante et les interactions avec le public, réjouissantes. Un spectacle à ne surtout pas manquer tant il est singulier. Il reste encore quelques places à certaines dates.

 

 Réunir 17 artistes talentueux dans un écrin fait plaisir à voir.

 

 Ce beau spectacle est d'autant plus appréciable que l'on a lu la pièce, je vous recommande l'édition bilingue, avec la traduction de Jean-Michel Déprats en Folio Théâtre.

 

 

 

Publié le 16 août 2023.

Au Palais-Royal jusqu'au 27 août.